Chapitre La garde nationale mobilisée de Charolles au combat
Le manque de reconnaissance de l’engagement des mobilisés de Saône et Loire,
A la lecture des témoignages et des récits écrits par les membres de l’armée des Vosges, seules les troupes garibaldiennes se sont couvertes de gloire et ont opposé une résistance opiniâtre aux Prussiens. Ces documents ont contribué à forger la légende garibaldienne en France qui est encore vivace de nos jours. La raison de la quasi-ignorance des mobilisés et de ceux de Saône et Loire en particulier, repose sur les relations exécrables entre l’état-major de Garibaldi, notamment son chef d’état-major, le général Bordone et le général Pellissier, commandant des troupes cantonnées à Dijon. Le premier n’a de cesse de réclamer au gouvernement le commandement de toutes les troupes. Le second s’y oppose, s’appuyant sur le commandement qui lui a été confié. Une bataille se livre dans la coulisse entre l’administration de la guerre du gouvernement de la Défense nationale, incarnée par son délégué, Charles de Freycinet et les commandants d’unités ; les armes en sont les dépêches qui figurent généreusement dans les archives.
En pleine bataille Pellissier reçoit la dépêche suivante :
Bordeaux, le 22 janvier 1871, 9h40, matin
Guerre à général Pellissier, Dijon.
« On m’assure, que dans la journée d’hier, le rôle des mobilisés a été nul. Qu’est-ce que cela veut dire ? pense-t-on donc qu’on les a envoyés à Dijon pour se promener ? Je compte général, que, dans la journée d’aujourd’hui, cette tache, si elle existe, sera glorieusement lavée. Au surplus, traduisez en cour martiale les chefs qui ne voudraient pas marcher. Derrière des positions, tous mobilisés doivent se battre et tous fusils doivent tirer. »
C. de Freycinet
On peut comprendre l’émotion du général Pellissier, tant le vocabulaire utilisé est violent. Il demande des comptes à Garibaldi, qui ignore l’origine de cette dépêche. Il lui fait part de sa satisfaction de la tenue des mobilisés et dicte un télégramme de démenti à l’attention de Freycinet.
A 1h18, Pellissier écrit à de Freycinet en lui faisant part de son indignation et en qualifiant de calomniateur celui qui a dénigré les mobilisés. Il explique que les mobilisés ont tenu leur position toute la journée, se sont repliés en raison de la supériorité de l’adversaire et ont subi de sérieuses pertes, dont celle de l’ambulance d’Hauteville. Tous les mobilisés n’ont pas été attaqués, mais lorsque ce fut le cas, ils ont résisté. En revanche, les mobilisés de Haute-Savoie, cantonnés à Beaune, n’ont pas répondu à l’appel pour monter au feu et sont repartis à Mâcon. A 3h20 du soir, de Freycinet répondait :
« On m’apprend à l’instant que vos mobilisés ont été calomniés hier et qu’ils se sont, au contraire, vaillamment battus ; j’en suis extrêmement heureux et je m’empresse de vous en féliciter ».
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