Chapitre La mobilisation des hommes du canton de Bourbon-Lancy
Le canton de Bourbon-Lancy avant la guerre
Peu avant la guerre, le canton de Bourbon-Lancy est peuplé de 10 288 habitants. Le chef-lieu, Bourbon-Lancy, compte 3 222 habitants. 58% de la population des dix communes du canton sont éparses. 70 à 80% de la population de Gilly-sur-Loire, Lesme, Maltat, Mont et Perrigny-sur-Loire sont éparses (source : recensement de la population de 1866).
L’activité économique est largement agricole. Emile Puzenat n’a pas encore développé son industrie de machines et engins agricoles. Des activités industrielles existent dans les cantons voisins de Digoin et Gueugnon, une faïencerie et une forge. Plus éloignés du canton, des mines de charbon sont exploitées à Blanzy et Montceau-les-Mines, du schiste bitumineux est extrait dans la région d’Autun. L’activité industrielle principale du département est celle de l’aciérie Schneider, du Creusot.
Les maires, le député et le conseiller général du canton sont des notables, propriétaires terriens, rentiers, professions libérales. Jusqu’en 1863, le canton de Bourbon-Lancy fait partie de la 2ème circonscription de Saône et Loire dont le député est Eugène Schneider. Il est ensuite rattaché à la 5ème circonscription dont le maire de Paray-le-Monial, Hyacinthe Maublanc de Chizeuil, ancien militaire, est le député de 1863 à 1869. Il est légitimiste. Aux élections législatives de 1869, les dernières du Second Empire, la circonscription revient à Albert Auguste Huet, avocat, ancien maire de Perrigny-sur-Loire, de 1861 à 1863. Il siège au centre droit. En 1870, Huet remplace au Conseil général, Louis Pinot, maire de Bourbon-Lancy. Les élections municipales avaient eu lieu en 1865. Lorsque la guerre est déclarée en juillet, le scrutin, prévu l’année même, ne s’est pas encore tenu. Il se déroule les 6 et 7 août. Le conseil municipal de Bourbon-Lancy s’installe le 2 septembre, alors que la défaite de Sedan vient de se produire. Est-elle connue à Bourbon et en Saône et Loire ? On peut en douter.
La Garde nationale mobilisée de Saône et Loire
Le 29 septembre 1870, le gouvernement décrète une nouvelle mobilisation. Les préfets sont chargés d’organiser immédiatement en compagnies de Gardes nationaux mobilisés, tous les Français de 21 à 40 ans, non mariés ou veufs sans enfants. Les compagnies pourront être mises à la disposition du ministre de la Guerre. Le 11 octobre, les conditions d’organisation sont précisées. Chaque maire procédera à la division de la Garde en compagnies. Chaque compagnie comptera 100 à 250 hommes. Lorsqu’une commune ne pourra pas fournir cet effectif, il lui sera adjoint une ou plusieurs communes pour l’atteindre. Il y aura un bataillon par canton, formé de quatre compagnies au moins et de dix au plus. La réunion des bataillons cantonaux dans le même arrondissement formera une légion, commandée par un lieutenant-colonel ou un colonel. La réunion des légions formera une brigade qui prend le nom du département, sous les ordres d’un commandant supérieur. Les autres grades sont donnés à l’élection dans les deux jours suivant la formation des compagnies.
Le 2 novembre 1870, considérant que la Patrie est en danger, que tous ses citoyens se doivent à son salut, le gouvernement mobilise tous les hommes valides de 21 à 40 ans, mariés ou veufs avec enfants. Ils seront mis à la disposition du ministre de la Guerre.
Le 30 novembre 1870, Adolphe Victor Pellissier, chef d’escadron d’artillerie en retraite, commandant le 1er bataillon de la garde nationale de Mâcon, puis la 4ème légion de la garde nationale mobilisée, est nommé général de brigade, commandant supérieur de la Garde nationale mobilisée de Saône et Loire.
Le dépôt de la garde mobilisée est à Mâcon. Elle est organisée en un état-major de dix officiers autour du général Pellissier. Les 1er et 2ème bataillons constituent une brigade, commandée par le lieutenant-colonel Cornille de la 2ème légion de Chalon, faisant fonctions de général de brigade. Les 3ème et 4ème bataillons constituent une autre brigade, commandée par le lieutenant-colonel Fornel de la 3ème légion de Charolles, faisant fonctions de général de brigade. La Saône et Loire compte quatre légions :
1ère légion d’Autun, commandée par le lieutenant-colonel Pelletier, 2ème légion de Chalon-sur-Saône, commandée par le lieutenant-colonel Cornille, 3ème légion de Charolles, commandée par le lieutenant-colonel Fornel, 4ème légion de Mâcon et Louhans, commandée par le lieutenant-colonel Landremont L’arrondissement de Louhans ne peut pas mettre sur pied une légion, en raison d’un nombre insuffisant d’hommes ; il est incorporé dans celui de Mâcon
Les légions comptent 8 900 hommes.
Le 11 novembre le comité de défense du département envoie Pellissier dans la région de Paray-le-Monial, pour choisir un terrain pour y créer un camp d’entrainement des mobilisés. Son choix se porte sur un emplacement situé entre Paray et Digoin, sur la rive droite de la Bourbince, à quatre kilomètres environ de la ville, dans un endroit appelé Vernisse. Les parcelles de ce lieu se trouvent proches de Saint-Léger-lès-Paray, entre la rivière et la route allant à Neuzy. Le terrain sablonneux est en friche, légèrement incliné vers la rivière sur une longueur de deux kilomètres. On pourra y manœuvrer immédiatement. Pas plus d’un bataillon y séjournera ; les hommes construiront eux-mêmes des gourbis et des baraques pour s’y loger. Le Haut et le Bas de Vernisse existent encore aujourd’hui sur le territoire de l’ancienne commune de Vigny, non loin de Saint-Léger-lès-Paray, proche de la Bourbince. Ces lieux-dits semblent correspondre car aucun lieu Vernisse ne se trouve sur la commune de Paray. Pourtant la dénomination dans les documents consultés, le camp est dénommé, camp de Paray.
Chaque commune de Saône et Loire s’est acquittée de la somme de 1 904, 90 francs pour la mobilisation du premier ban de la garde nationale sédentaire. Conformément au décret du 29 septembre 1870 créant la garde nationale mobilisée chaque commune finance son équipement et sa solde.