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Alain Boussuge, historien par passion
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Alain Boussuge, historien par passion
  • Le livre, Le canton de Bourbon-Lancy dans la guerre de 1870-1871, d'Alain Boussuge, sort de l'oubli les victimes de la guerre oubliée. Il a réalisé deux sites consacrés au parcours de jeunes de 15 et 20 ans en 1939, à la déclaration de guerre.
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13 mars 2022

Emile Pagliantini un jeune de 16 ans engagé dans les FFL

Calot rouge

Emile Pagliantini, Calot rouge

Dans la région de Berchtesgaden en 1945

J’ai connu mon oncle Emile, décédé trop jeune en 1978. J’étais adolescent. Son épouse était la sœur de ma mère. Ma famille était très proche d’eux. Ce serait toute une histoire que d’évoquer ce lien. Je savais que mon oncle avait fait la guerre, selon l’expression. Il avait fait partie de la prestigieuse 2ème DB de Leclerc. Il n’en parlait jamais. Je sais qu’il en avait dit plus à mes parents et à mon père, lui aussi ancien combattant. La seule fois où il a parlé de la guerre devant moi, j’avais 14 ans. Il a évoqué un combat dans la marche en avant de la 2ème DB en Allemagne. Ses paroles sont gravées dans ma mémoire. J’entends encore la modulation de sa voix lors de ce cours instant.

Ma tante a vécu jusqu’en 2020. J’étais en plein dans des recherches sur le parcours militaire de mon père durant la même période et celui de mes oncles. Je me doutais que celui d’Emile serait un gros morceau qu’il me fallait décortiquer spécialement. Comme souvent, lorsqu’on évoque ces sujets avec les membres de sa famille, on n’ose pas toujours questionner. On se retient par pudeur, timidité, peur de la réaction de l’autre. On a du mal à entrer dans cette intimité, et si on réveillait des mauvais souvenirs. La relation avec ma tante était libre et franche. Je me suis lancé, un jour de visite chez elle. J’enveloppe un peu mon approche et lui demande si elle avait conservé les documents militaires d’Emile et si je pouvais les voir. Je peux même te les donner me répondit-elle, je vais les chercher. Me voici donc avec un petit trésor entre les mains. Comme elle n’était pas trop branchée sur le passé, elle me dit, en me les remettant, qu’elle était contente et soulagée, car elle ne savait pas quoi en faire et ce qu’ils deviendraient lorsqu’elle disparaitrait à son tour. Je lui ai promis de les conserver avec soin et de manière presque religieuse, tant à mes yeux ils représentent beaucoup (émotion et joie intérieure intense). Je vais les étudier et chercher à savoir plus, lui ai-je dit, presque un serment.  C’est l’objet du site que j’ai réalisé.

J’ai découvert le parcours assez inouï d’un jeune durant la seconde guerre mondiale. Agé de 16 ans, il part de Brest le 16 juin 1940, pour l’Angleterre. Il se vieillit de deux ans et s’engage dans les futures Forces françaises libres. Il fait partie des premiers engagés. J’ai consulté son dossier au Service historique de la Défense. Je me suis plongé dans une partie des archives des FFL et de la 2ème DB pour en apprendre plus. J’ai caviardé le journal de marche et des opérations du Régiment de marche des Spahis marocains, auquel il appartenait, depuis sa création embryonnaire à Damas en Syrie, jusqu’à ce qu’il devienne le régiment de reconnaissance de la 2ème DB. Les premières pages de ce document commençant en 1940, sont écrites à la main avec une encre violette. Qui est l’inconnu qui a tenu ce registre ? Est-ce Le capitaine Jourdier, héros méconnu, comme on dit aujourd’hui ? Capitaine de Spahis, n’acceptant pas l’armistice, il passe du Liban en Palestine anglaise, avec une partie de ses hommes, pour poursuivre le combat.

Sur le site on peut consulter des informations sur le rapatriement des troupes franco-britanniques de l’expédition de Narvik. Les unités françaises débarquées à Brest ont été réembarquées pour l’Angleterre. Une minorité d’entre elles formera l’embryon des futures forces françaises libres. On peut lire l’organisation des FFL et du RMSM en Syrie, Egypte et Libye jusqu’à leur fusion dans la nouvelle armée française créée en Afrique du Nord.

J’ai mis en ligne des photos d’autres hommes des FFL ainsi que celle inédite du train spécial de Goering à Berchtesgaden lors de la débâcle allemande en 1945.

A la recherche des noms des hommes en photo

Tous les hommes ne sont pas identifiés, et pourtant il y a pas mal de noms. J’ai donc souvent mis des légendes pour que l’on me contacte si des proches les avaient identifiés.

Cela s’est produit deux fois et rentre dans ce que j’appelle les belles histoires.

Un jour, j’ai oublié l’année, un commentaire « Oui, Oui, c’est bien …, c’est mon père ». Il s’en suivit quelques longs échanges téléphoniques, mais sans en apprendre plus sur mon oncle, mais plutôt l’état d’esprit des officiers des FFL. Un peu grands seigneurs conduisant une bande d’hommes de manière chevaleresque.

En 2018, Léo en classe de 1ère SC du lycée Aimé Césaire de Clisson, me contacte pour le concours national de la Résistance. Il a consulté le site et souhaite des informations et avoir l’autorisation de l’utiliser. Tout content, j’accepte. Sa classe n’a pas été primée mais a produit une superbe plaquette dans laquelle figure le tonton. L’enseignante qui a intéressé la classe et a conseillé les élèves est Céline Bérardo. Je reçois une sympathique carte de remerciements.

La même année, une personne de la Fondation de la France libre, me contacte, intéressée par l’histoire de mon oncle et l’historique du Régiment de marche des spahis marocains dans la France libre. Pareil je donne mon accord pour la reprise d’informations. L’oncle Emile à nouveau cité dans un site consacrée à la 1ère DFL. Quel succès posthume, toi, le jeunot, un peu insoumis.

Je désespérais de mettre d’autres noms à la place des points d’interrogation des légendes. L’an dernier, Frank Salaun, petit-fils d’un FFL me contacte.  Il dispose de tous les noms d’un groupe d’hommes posant devant une automitrailleuse, en Libye, contre Rommel. Un pas de géant est fait. Mais il en manque encore. Je ne désespère pas.

 

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