Deux histoires incroyables grâce au site
Deux contacts incroyables sont nés avec le site. Le premier m’est arrivé par un message de contact, le second je l’ai provoqué.
Depuis la Tchéquie
Un beau jour de 2013 je reçois un message écrit en tchèque. Méfiant je me demande si cela ne va pas déboucher sur une arnaque. Je fais un copié-collé pour Google traduction. En mauvais français je lis, historien amateur sur la 2ème guerre mondiale et en particulier sur les prisonniers et déportés en Tchécoslovaquie, signé Roman Janas. Je suis rassuré et abasourdi que mon site ait eu un lecteur si lointain en Tchéquie, mais pas dans n’importe quelle région, dans celle où mon père avait été prisonnier ! La région de Jésénk. Débute une série d’échanges.
Roman cherche des informations sur les prisonniers de guerre et est intéressé par les Français. Je lui donne l’autorisation d’utiliser mes données. Je lui fournis des informations sur la manière de trouver plus d’informations. En 2014, il me recontacte. Cette fois-ci il me fait part du projet de construction par une association et l’équivalent du Souvenir français, ici, d’un mémorial pour les prisonniers de guerre de différentes nationalités de la région de Jésénik. Il fait graver sur une plaque les noms de mon père et des autres français captifs. Je suis même invité pour l’inauguration, mais je ne peux pas m’y rendre. J’ai des nouvelles de la cérémonie d’ouverture. Je reçois un reportage télévisé qui s’ouvre avec la photo de mon père en grand. On ne peut pas s’empêcher d’avoir le regard embué. Je me dis, les PG qui n’ont rien retiré de leur captivité après la guerre, si ce n’est que de cotiser à une association, cet hommage est une sorte de petite revanche. Papa, tu trouves la gloire posthume, loin de France. On le sait le vieil adage, nul n’est prophète en son pays, s’adapte bien à cette histoire.
Roman Janas a créé un petit musée dont il est fier. Il a été inauguré en présence du corps diplomatique russe et d’autres républiques, en présence de la petite-fille du maréchal Koniev, commandant en chef des troupes de libération de la zone.
Pour l’instant je n’ai pas eu de nouvelles de sa part, je n’en ai pas donné non plus, mais sait-on jamais. A l’automne 2017, il m’avait contacté pour effectuer des recherches sur un militaire français qui, à la veille de la guerre, avait eu une liaison avec une jeune Slovaque, venue travailler en France. Après la guerre il n’a pas repris la liaison, mais a laissé à la jeune femme, une fille. C’est la petite-fille qui cherchait à en savoir plus. L’indice pour enquêter, il n’y a pas d’autre mot, une photo de l’homme en militaire, sur laquelle on distingue, au collet de sa veste, le numéro de son unité. Comment je me suis piqué au jeu et j’ai fait, est toute une histoire. Je l’ai retrouvé, j’ai eu connaissance de ses deux mariages et j’ai retrouvé sa sépulture. N’étant pas un professionnel de la recherche de personnes, je ne sais si la femme de Slovaquie a des frères et sœurs en France. Si c’était le cas, je pense qu’elle n’a pas de preuves tangibles pour le prouver, de nombreux documents ont été perdus ou ont disparu. Elle m’a écrit pour me remercier d’avoir effectué ces recherches, au printemps 2018.
A la recherche de descendants de PG
Je n’ai jamais eu de contact avec des personnes qui auraient reconnu un des leurs sur les photos du site, comme vous pourrez le lire par ailleurs.
Mon père disait qu’il avait été tout le temps sous les ordres du lieutenant Garaix, depuis la fin de l’année 1939, jusqu’en juin 1940. En 2017, je fouille sur un site de généalogie à la recherche du patronyme Garaix. Un page s’ouvre, une photo d’officier apparaît, Jean Max Garaix, mort le 16 juin 1940 à Saint-Sauveur, Eure et Loir. Ce ne peut être que cet homme. Vite au bas de la page, qui a rédigé cette page, Christian Garaix, son fils. J’en reste là, dans l’immédiat.
Que fais-je ? Est-ce que je prends contact ? J’hésite. Remuer le passé morbide, que pensera cet homme pour une affaire vieille de 77 ans ? Mon père était soldat, lui officier, est-ce qu’il n’y aura pas une forme de désintérêt pour ma demande ? Je me décide enfin, mais pas si rapidement que cela, retenue, crainte, timidité. Et puis, je le fais. S’il n’y a pas de réponse, et bien cela signifiera quelque chose ou rien, tout cela est vieux, mais ce serait dommage. Mais j’avais un petit espoir, Christian Garaix n’a presque pas connu son père, étant né à la veille de la guerre. Le message est parti avec des précautions dans son vocabulaire. Quelques jours plus tard réponse, et je n’oublierai jamais cette phrase, Vous m'avez fait un plaisir immense avec votre message. Je suis euphorique. S’en suivent d’autres échanges par messagerie et téléphone. Je découvre son histoire, d’enfant pupille de la Nation, sa mère éplorée et pas bien traitée quand il lui a fallu récupérer la dépouille de son mari. Il a peu ou pas d’information sur la circonstance de la mort de son père. Je lui fournis le rapport militaire, trouvé dans les archives du Service historique de la Défense, pour qu’il comprenne bien. Nous nous rencontrons à Paris en 2018. Son épouse, coïncidence est d’origine tchèque et connaît bien la région de Jésénik. Le monde est parfois petit. Nous parlons, nous parlons … nous repassons en revue nos informations durant toute un après-midi. L’apothéose de cette rencontre, est l’envoi par Christian Garaix, du carnet d’officier de son père. Il est percé par l’éclat d’obus qui l’a tué. Ecrit au crayon de papier, certainement avant que mon père ne soit sous son commandement, je lis les noms de ses hommes dont ceux des Antillais, que mon père évoquait toujours. J’y trouve l’organisation de la section. Un apport inestimable. Nous sommes devenus amis.