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Alain Boussuge, historien par passion
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Alain Boussuge, historien par passion
  • Le livre, Le canton de Bourbon-Lancy dans la guerre de 1870-1871, d'Alain Boussuge, sort de l'oubli les victimes de la guerre oubliée. Il a réalisé deux sites consacrés au parcours de jeunes de 15 et 20 ans en 1939, à la déclaration de guerre.
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17 mars 2022

Chapitre Suites politiques et mémoire de la guerre

Bilan de la guerre dans le canton de Bourbon-Lancy

Les noms de 57 victimes sont inscrits sur le monument aux morts cantonal. Mais après recherches, 29 autres victimes ont été recensées, portant le nombre total à 86. Victimes inscrites et non inscrites sur le monument aux morts, on dénombre 41 morts de l’armée active, 12 de la garde nationale mobile et 33 de la garde nationale mobilisée. Les premiers morts de la guerre sont des militaires : Denis Civet de Perrigny-sur-Loire, porté disparu à la bataille de Froeschwiller le 6 août 1870, Victor Jean-Louis Bertucat de Lesme, tué à Strasbourg le 16 août 1870 et François Piessat de Bourbon-Lancy, tué à la bataille de Gravelotte le 18 août 1870. La majorité des autres militaires sont morts des suites de leur blessure ou de maladie dans des hôpitaux situés à l’arrière des zones de combat. Six militaires sont morts à Metz, quatre à Paris, trois dans la Sarthe lors de la bataille du Mans. Six sont morts en captivité en Allemagne. Six sont portés disparus. Quatre gardes nationaux mobiles sont morts à Paris, les autres dans des hôpitaux de l’arrière. Les gardes nationaux mobilisés ont tous été tués ou portés disparus à la bataille de Dijon entre le 21 et le 23 janvier 1871. Les blessés et malades sont morts dans des hôpitaux de la région. Un soldat et un garde national mobilisé sont morts à l’hôpital de Bourbon-Lancy qui accueillait des blessés.

Les communes les plus affectées par la guerre sont Bourbon-Lancy :19 victimes et Cronat : 15 victimes. Gilly-sur-Loire et Maltat comptent chacune 9 victimes. Vitry-sur-Loire en compte 8, Chalmoux, 7, Saint-Aubin-sur-Loire, 4, Lesme, Mont, et Perrigny-sur-Loire, 2. On recense 4 victimes dans le canton sans commune de résidence connue et 5 victimes non-identifiées.

48 victimes ont entre 20 et 25 ans. 19 victimes ont entre 26 et 30 ans. 12 victimes ont plus de 30 ans.

Les professions n’étant pas systématiquement renseignées dans les documents, les victimes sont en majorité des agriculteurs ou des domestiques de ferme, au minimum une quinzaine. En raison des origines familiales le nombre doit être supérieur. Cinq artisans, cinq professionnels du bâtiment, un fonctionnaire, un clerc de notaire et un pharmacien sont morts à la guerre.

Les registres matricules n’étant pas tenus de manière rigoureuse, il n’a pas été aisé de recenser les prisonniers de guerre. Au moins treize hommes ont été détenus en Allemagne dont Jean-Marie Ferdinand Sarrien. Les prisonniers rentrent en France entre le printemps et le milieu de l’été 1871.

 

 

Effacement progressif de la mémoire de la guerre à Bourbon-Lancy

Le 14 juillet 1919 se déroule à Bourbon-Lancy « La Fête de la Victoire et de la Paix ». Une cérémonie a lieu au pied de la Croix du cimetière en l’honneur des soldats morts pendant la guerre. Les combattants de 1870 figurent dans le groupe rassemblé. Un cortège se forme ensuite pour se rendre au monument aux morts de 1870, qui sera fleuri. Le curé Martin, relate cette journée dans le Bulletin paroissial du 20 juillet 1919 : « Monsieur le colonel du Crest, au titre d’ancien combattant de 1870, nous redit, en un discours d’un souffle patriotique puissant, sa joie de la revanche, et la réussite, après la guerre, de refaire une France prospère autant qu’elle est glorieuse … ».

Le monument aux morts de 1870 servira de lieu de recueillement et d’hommage aux morts de la première guerre mondiale, jusqu’à l’inauguration du monument de « La Victoire ailée », érigé sur la place de l’Hôtel de Ville, en 1925. Comme dans toutes les communes, les vétérans de 70 vont disparaitre et être oubliés progressivement. La grande association des Vétérans ne sera pas en mesure d’accueillir les hommes meurtris de la première guerre mondiale qui créeront, à leur tour, leurs associations. Ils deviendront les anciens combattants.

Deux hommes ont incarné le souvenir et la mémoire de la guerre franco-allemande à Bourbon-Lancy : Eugène Alexandre Fornel et Charles Claude Merlette. Le premier, ancien officier des gardes nationaux mobilisés, a porté le projet d’édification d’un monument aux morts, le second, a voulu rendre hommage aux combattants par ses tableaux, en s’inspirant du courant des peintres militaires, dont les œuvres ont alimenté l’esprit de revanche. On ignore si un groupement de vétérans existait dans le canton. Eugène Alexandre Fornel a été le mentor des vétérans. Des hommes autour de lui ont peut-être cédé à la tentation de la revanche, mais la République s’est enracinée à Bourbon, en la personne de Jean-Marie Ferdinand Sarrien, qui fut élu départemental et national, reconduit aux élections à partir de 1876. Une autre mémoire a existé, celle des personnes qui ont vu les Uhlans venir patrouiller jusque sur les bords de la Loire, pour savoir si des troupes françaises de renfort n’étaient pas en formation pour se diriger vers l’est et à Dijon, à la fin de 1870. Dans le témoignage verbal de Messieurs Jacques Mitaine et Gilles Durand, j’ai entendu que leurs ancêtres avaient été frappés par la beauté et la qualité de leurs chevaux.

Les sépultures d’Eugène Alexandre Fornel et de Jean-Marie Ferdinand Sarrien se trouvent au cimetière de Bourbon-Lancy. Tous les 11 novembre, la municipalité fleurit le monument aux morts. Les drapeaux des anciens combattants rendent les honneurs. La médiathèque de la ville porte le nom de Pierre Perrault, qui fut une femme écrivain célèbre, de livres pour enfants. Elle écrivait sous un pseudonyme masculin. Sophie Victorine Perrault (1842-1929), de son vrai nom, était l’épouse d’Eugène Alexandre Fornel.

Trois noms, deux tombes, un monument, un bâtiment, sont les quelques fils qui relient Bourbon-Lancy à cette période.

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