La guerre au coeur de notre histoire
Durant 153 ans, entre 1792 et 1945, la France a fait la guerre sur son sol et en Europe dans quatre conflits : les guerres de la Révolution et du 1er Empire de 1792 à 1815, la guerre franco-allemande de 1870-1871 et les deux guerres mondiales. Elles ont coûté la vie à près de 2 200 000 militaires. Les deux guerres d'Indochine et d'Algérie ont fait un peu plus de 100 000 morts militaires. Les guerres de conquête coloniale, les interventions hors de France en Crimée, au Mexique ou encore en Chine, ne sont pas prises en compte.
Si nous ne sommes pas toujours au clair avec ce passé guerrier, nous nous intéressons de plus en plus au sort des hommes et des femmes durant ces périodes. L'histoire a investi de nouveaux domaines d'études. Les médias et les chaînes de télévision spécialisées dans l'histoire, se sont fait une spécialité de faire parler les témoins ou les acteurs des guerres. Ce site s'inscrit dans cette approche du passé.
L'histoire familiale, comme souvent, est le point de départ de cette histoire. Le service militaire qui est devenu progressivement universel a marqué de son empreinte les générations précédentes. Le corollaire était de former les hommes pour faire la guerre.
Les sites réalisés par Alain Boussuge sont consacrés au parcours de deux jeunes hommes happés par la seconde guerre mondiale. L'un part à l'âge de 20 ans au service militaire, fin 1939. Il ne reviendra en France qu'en 1945, après avoir été prisonnier en Allemagne. L'autre quitte Brest pour l'Angleterre, il a 16 ans. Il s'engage dans les Forces françaises libes. Lui aussi ne rentrera chez lui qu'en 1945. Deux sites rendent hommages aux victimes militaires et de la Résistance, de Bourbon-Lancy.
La guerre franco-allemande de 1870 1871, oubliée de nos jours, émerge du passé avec le livre Le canton de Bourbon-Lancy dans la guerre de 1870 – 1871. Il décrit les étapes de ce conflit dans lequel, les hommes de ce canton de Saône et Loire ont été impliqués.
L’origine du livre
L’identification des morts de la guerre franco-allemande de 1870-1871 du canton de Bourbon-Lancy, est le point de départ du long chemin qu'Alain Boussuge a parcouru pour écrire cet ouvrage.
Dans la commune un monument aux morts cantonal de cette guerre, a été érigé en 1904. Cinquante-sept noms y sont gravés. Spécificité, ils ne sont pas accompagnés de leur prénom. Le long travail a commencé. Comme il n’existe pas, à ma connaissance, une base nationale des victimes de cette guerre, j’ai recoupé différentes sources pour arriver à mes fins. J’ai identifié cinquante-deux victimes. Au hasard parfois de la consultation de registres d’état civil, j’ai découvert d’autres victimes. J’ai procédé à un « ratissage » plus large, ce qui m’a permis d’identifier vingt-neuf supplémentaires, dont le nom n’est pas inscrit sur le monument aux morts. La différence provient d’une interprétation toute miliaire qui compte en priorité les morts au feu, laissant de côté les morts de maladie et les blessés succombant postérieurement. Je les ai pris en compte.
Les hommes du canton dans la guerre
J’ai ensuite effectué des recherches sur le parcours de ces hommes dans l’armée active, la garde nationale mobile et la garde nationale mobilisée. Ceci m’a conduit à m’interroger sur l’organisation des armées, leur théâtre d’opération, le pourquoi et le comment des événements. Je me suis plongé dans les causes de la guerre qui ne se réduisent pas à la célèbre dépêche d’Ems, qui n’est que le détonateur d’un état d’esprit déjà très belliqueux de la France à l’encontre de la Prusse.
J’ai passé beaucoup de temps sur l’histoire politique et militaire de la guerre, mais je décortiquais en parallèle, des archives précieuses sur le département de Saône et Loire. J’ai relié le cours des événements avec la Bourgogne et la Saône et Loire pour comprendre pourquoi et comment la guerre s’est installée dans cette région. Le lien avec les hommes du canton de Bourbon-Lancy était fait.
Monument aux morts du canton de Bourbon-Lancy
57 noms sont gravés sur le socle, ils étaient soldats, gardes mobiles, gardes mobilisés
La liste des victimes est consultable sur le site : 1870bourbonlancy.canalblog.com
L’ouvrage croise l’histoire locale et l’histoire de la France en guerre avec la Prusse.
Au fur et à mesure de mes lectures et découvertes d’informations inédites ou de points de détail ayant leur importance, de mon point de vue, dans le déclenchement et la conduite de la guerre, je me suis dit que je ne pouvais pas laisser ce travail en friche. Il m’a semblé naturel de le porter à la connaissance de celles et ceux qui se passionnent pour l’histoire locale et nationale.
J’ai donc trempé la plume dans l’encrier, bien souvent le clavier de mon ordinateur. J’avais rédigé, au fur et à mesure de mes recherches thématiques, des dossiers de synthèse. La rédaction chronologique m’a pris le plus de temps. Géographe de formation, je ne peux m’empêcher de faire des croquis et des cartes, qui permettent, d’un coup d’œil, de mieux comprendre. Un livre d’histoire ne peut s’en passer. Je me suis donc lancé à faire du dessin Bitmap avec plus ou moins de succès, le lecteur jugera.
Histoire locale et histoire nationale
J’ai replacé dans les six mois du conflit, les hommes du canton de Bourbon-Lancy, mobilisés pour la guerre. Ils rejoignent leurs régiments qui capituleront à Sedan et Metz ou la garde nationale mobile de Saône et Loire qui participera à la défense de Paris et de Belfort, quand elle ne renforcera pas l’une des grandes armées. La garde nationale mobilisée de Saône et Loire défend Dijon du 21 au 23 janvier 1871. De nombreux hommes du canton y laissent leur vie. L’ouvrage croise l’histoire locale et l’histoire de la France en guerre avec la Prusse.
Sept chapitres retracent les causes, le déroulement, l’épilogue de la guerre en Suisse, où les derniers combattants se réfugient. L’ouvrage analyse la position stratégique de la Bourgogne dans le conflit. Elle est le théâtre des dernières opérations militaires destinées à soutenir l’armée de l’Est de Bourbaki, en direction de Belfort.
Trois chapitres sont consacrés au parcours des hommes de Saône et Loire et du canton. Ils sont engagés à Paris, autour d’Orléans, à Belfort et à Dijon. Même loin de la guerre, Bourbon-Lancy est impliquée dans le conflit en accueillant des blessés à l’hospice. Les eaux thermales sont elles aussi, mobilisées, de manière pacifique.
Treize annexes analysent des moments importants de la guerre tels que la dépêche d’Ems, la proclamation de la République, la capitulation de Bazaine à Metz. La reproduction de courriers, dépêches et proclamations placent le lecteur au cœur des décisions politiques.
Quatorze annexes concernent les hommes du canton dans la guerre. Les mobilisés, les victimes et les médaillés, sortent de l’oubli. Cinq annexes traitent de la bataille de Dijon, illustrant l’âpreté de la guerre. On lit, un peu stupéfait, que trente-trois ans après la guerre, Bourbon-Lancy est en fête lors de l’inauguration du monument aux morts. En conclusion, les paroles des chansons patriotiques et revanchardes illustrent, à leur façon, une certaine mémoire de la guerre.
A Bourbon-Lancy, la mémoire de cette guerre subsiste. Eugène Alexandre Fornel, percepteur, ancien commandant des gardes nationaux mobilisés du département, a été l’initiateur du monument aux morts érigé près de la Poste. Charles Merlette, artiste peintre local, a peint des scènes de guerre, conservées au musée municipal Saint-Nazaire.
Ouvrage préfacé par Mme Edith Gueugneau, maire de Bourbon-Lancy
Avant-propos d'Alain Boussuge
Dix chapitres ordonnés de manière chronologique
Les causes, le déroulement, l’épilogue de la guerre en Suisse
Aux origines de la guerre
Vers la guerre
Les forces en présence
La guerre du 2 août au 1er septembre 1870
Le Gouvernement de la Défense nationale poursuit la guerre
La guerre à l’Est, épilogue du conflit
La paix dans la douleur
Le parcours des hommes de Saône et Loire et du canton
La mobilisation des hommes du canton de Bourbon-Lancy
La garde nationale mobilisée de Charolles au combat
Suites politiques et mémoire de la guerre
Conclusion
La liste des victimes du canton de Bourbon-Lancy
Les moments importants de la guerre - treize annexes
Succession au trône d’Espagne
Déclaration du duc de Gramont, ministre des Affaires étrangères, au Corps législatif,
le 6 juillet 1870
Lettre de Napoléon III au duc de Gramont, ministre des Affaires étrangères,
soirée du 12 juillet 1870
Dépêche d’Ems
Mémorandum du ministre des Affaires étrangères communiqué au Corps législatif
par Emile Ollivier et au Sénat par le duc de Gramont le 15 juillet 1870
Proclamation de Napoléon III du 23 juillet 1870
Proclamations à l’armée de Napoléon III et du roi Guillaume de Prusse
Dernière proclamation à l’armée de Napoléon III du 31 août 1870
Proclamation de la République après la capitulation de Sedan
Entrevue de Ferrières des 21 et 22 septembre 1870, entre Jules Favre, ministre des Affaires étrangères, du Gouvernement de la Défense nationale et Otto von Bismarck, Chancelier de la Confédération du nord
Capitulation de Metz ou l’affaire Bazaine
Conclusion des mémoires du maréchal von Moltke
Organisation des régions envahies
Les hommes du canton dans la guerre – seize annexes
Hommes des classes 1867 à 1870
Parcours des unités militaires des hommes du canton de Bourbon-Lancy
Parcours des bataillons de la garde nationale mobile de Saône et Loire
Dépenses du département de Saône et Loire pour les divers corps mobilisés
Eugène Alexandre Fornel, ancien colonel des gardes nationaux mobilisés de l’arrondissement de Charolles en 1870 – 1871
Assassinat des membres de l’ambulance de la 3° Légion des Gardes nationaux mobilisés de Charolles à Hauteville, Côte d’Or
Au Clos de Pouilly le 23 janvier 1871
Prise du drapeau du 61e Poméranien à Dijon le 23 janvier 1871
Rapport sur la bataille de Dijon du lieutenant-colonel Fornel, commandant supérieur par intérim des mobilisés de Saône et Loire
Propositions de décorations et récompenses faites par le lieutenant-colonel Fornel et le général Pellissier
La campagne de quatre officiers du canton de Bourbon-Lancy
Inauguration du monument aux morts cantonal de Bourbon-Lancy le 21 août 1904
Discours d’Eugène Alexandre Fornel lors de l’inauguration du monument aux morts cantonal le 21 août 1904
Médaille commémorative de la guerre de 1870 – 1871
Liste des gardes nationaux mobilisés du canton de Bourbon-Lancy ayant droit à la médaille commémorative de la guerre
La revanche en chansons
Géographe de formation, historien et conférencier, Alain Boussuge retrace le parcours des combattants pendant les guerres et identifie les victimes. L’écriture a été au cœur de sa carrière professionnelle en communication d’entreprise. Il n’est pas devenu enseignant. Ses principales productions sont des articles à caractère historique et économique sur les voies navigables, deux ouvrages Le transport fluvial en France et L’annuaire du tourisme fluvial, des articles de presse d’entreprise.
Fils d’un prisonnier de guerre de 1940, il a été influencé par l’histoire des hommes de sa famille durant les conflits. Un arrière-grand-père, vétéran de 1870, des grands-pères, poilus, un oncle, FFL, des oncles et des cousins mobilisés en 1939.
Ses premières recherches ont été consacrées au parcours de son père et de son oncle, entre 1939 et 1945. Il a réalisé deux sites : acpgkrgef3945.canalblog.com et epagliffl.canalblog.com.
Dans le cadre du centenaire de la première guerre mondiale, il a fait, chaque année, à Bourbon-Lancy, une conférence présentant l’année de guerre.
Un ami de Bourbon-Lancy a identifié les 206 victimes de la première guerre mondiale. Il a identifié ceux de la deuxième guerre mondiale en différenciant les résistants et les militaires : resistantsbl.canalblog.com et morts3945bl.canalbolg.com.
En 2019, Il a participé à la rédaction de l’ouvrage collectif de l’association du vieux Bourbon, De Borvo à Bourbon-Lancy. Il a rédigé la biographie de trois personnages qui ont joué un rôle dans l’histoire locale. Pingré, le fondateur de l’hôpital des eaux, des Gallois de la Tour, le dernier seigneur, Fornel, le commandant des gardes mobilisés de Saône et Loire.
Le canton de Bourbon-Lancy dans la guerre de 1870-1871 est sa dernière publication, aboutissement d’une recherche débutée en 2016.
Publié au printemps 2022, l'ouvrage a reçu un bon accueil des historiens Eric Anceau, Yann Lagadec, Jean-François Lecaillon, Thierry Lentz, Jean-François Chanet.
Il figure au catalogue de quelques bibliothèques : Archives départementales de Saône et Loire, Service historique de la Défense, à Vincennes, Fondation Napoléon, à Paris. Il est consultable aux médiathèques de Bourbon-Lancy et Gueugnon, en Saône et Loire.
Également …
Il a retrouvé la trace de ses ancêtres, au milieu du XVIIème siècle en Bourgogne et en Auvergne. Il n’a jamais coupé le lien avec ces régions. Il séjourne régulièrement à Bourbon-Lancy en Saône et Loire et s’efforce de se rendre chaque année dans le Cantal, dans la région de Chaudes-Aigues.
Il effectue également des recherches discrétionnaires sur les enfants issus de l’Assistance publique de la Seine. Une agence de l'Assistance publique était installée à Bourbon-Lancy. La région a accueilli nombre de ces enfants qui y ont fait souche. Toutes les personnes qui lui ont demandé ce service, ont été passionnées et très heureuses d’en savoir plus sur un passé méconnu ou tu. Il n’en fait pas une activité, mais rend service en s’assurant que les demandeurs le veuillent véritablement.
Album photos de prisonniers français dans la région actuelle de Jésénik, en Tchéquie
Les années de guerre de mon père sont le point de départ de mes recherches.
Souvenirs d’enfance, comme souvent. Du cirque à la fin de l’année à la porte de Versailles, du music-hall, des séances de cinéma. Rien de plus naturel, mais qui était à l’origine de ces programmes dans les années soixante ? L’association des anciens prisonniers de guerre, la FNPG, dont mon père était membre. Il le fut pendant plus de soixante ans et reçu un beau diplôme.
De son vivant, il évoquait cette période, sans ressasser. Sa guerre, sa captivité, son retour en France, étaient ses thèmes favoris. Il n’a jamais évoqué ce qu’il a pu vivre de pire ou dramatique, si cela s’est produit, le gardant enfoui au plus profond de lui. Il avait subi un déluge de feu en juin 1940, avait été confronté deux fois à une mort immédiate durant sa captivité. Au fur et à mesure que je grandissais, il décrivait les scènes de carnage humain dans lesquelles il avait été pris. Il ne s’était jamais étendu sur d’éventuelles souffrances. Je et nous l’avons parfois questionné mais pas au-delà d’une certaine retenue. Il en parlait, alors que beaucoup d’autres se sont tus.
Je disposais de documents militaires et de rapatriement et de quelques indices sur son unité et les autres unités avec lesquelles il a combattu. J’ai donc effectué des recherches au Service historique de la Défense pour reconstituer son parcours militaire, ai rassemblé ses dires, effectuer des recherches sur la région de Tchécoslovaquie où il a été prisonnier. Lorsqu’il parlait du combat de juin 1940, auquel il a participé en Eure et Loir, il ne savait pas le situer et pour cause, cela se passait à quelques jours de la demande d’armistice, alors que l’armée était en plein repli vers le sud. Tout a explosé dans ma tête lorsqu’à Vincennes, après avoir fait des tours et des détours dans les archives pour tenter d’arriver à ce que je cherchais, je trouve le rapport de l’officier qui commandait l’unité à laquelle appartenait mon père. Il y avait même des croquis. Pas de doute, il s’agissait bien des lieux et des villages que mon père évoquait : Saint-Sauveur, Marville-les-Bois, Chêne-Chenu, au nord-ouest de Chartres. Il y avait lutté pied à pied avec les Allemands, mais il ploya, comme les autres, sous la puissance de feu ennemie et fut fait prisonnier.
En 2017, le jour anniversaire de sa capture, par un bel après-midi de juin, je me suis rendu en Eure et Loir, sur les lieux où il été fait prisonnier. Je me suis placé au point qui servait de poste de commandement français, j’ai fait la tournée des villages et des cimetières. J’ai trouvé une plaque sur l’église de Saint-Sauveur, rendant hommage aux morts de la bataille. Ils ont été inhumés provisoirement dans le petit cimetière attenant. Ailleurs, rien. Oubli total. J’ai pris la petite route sur laquelle mon père a été ramené depuis le milieu du champ où il était caché sous un amoncellement de foin qui séchait au soleil. J’ai imaginé approximativement le champ, pas loin du petit bois, qui existe encore, où il avait projeté de mieux se cacher. « Quand ça te pète au cul et que tu n’as plus rien, l’instinct grégaire l’emporte et tu cherches à sauver ta peau », mais il pensait bien qu’il aurait quand même été capturé, tant les Allemands ratissaient la zone.
Après, ce sera pour les KG, une longue marche et un déplacement dans le Nord puis le départ en Allemagne. Il se retrouvera, très loin à l’est, en Tchécoslovaquie, dans le territoire des Sudètes. La suite, ce n’est pas La vache et le Prisonnier, mais mon père s’est débrouillé pour aller travailler dans une ferme. Il en parlera toujours avec une certaine nostalgie, teintée d’un humour de circonstance, en raison du système D à la française qui était en usage, même dans ces circonstances. Les Russes le libèrent en 1945, il en gardera un mauvais souvenir, comme tous ceux qui les ont croisés. Il a la bonne idée de changer de colonne de tri des hommes pour passer côté américain. Ils n’ont pas toujours été sympas avec nous, mais on était sûr de repartir chez nous, vers l’ouest, disait-il toujours.
Au récit de la guerre et de la captivité, j’ai ajouté une série d’annexes : l’historique des unités au sein desquelles il a combattu, une analyse personnelle des causes de la défaite de 1940, la chronologie des événements, des photos et une liste de PG avec des noms et des points d’interrogation. Je n’ai pas eu la chance d’être contacté par une personne ayant reconnu un membre de sa famille.
Ce site est celui qui a le plus de lecteurs. Des questions fréquentes m’y sont posées pour savoir comment retrouver le passé d’un prisonnier qui a été taiseux. On veut savoir. Ou encore des précisions sur les unités militaires qui ont combattu en Eure et Loir et l’emblématique 15ème régiment d’infanterie alpine d’Albi.
Deux contacts incroyables sont nés avec le site. Le premier m’est arrivé par un message de contact, le second je l’ai provoqué.
Depuis la Tchéquie
Un beau jour de 2013 je reçois un message écrit en tchèque. Méfiant je me demande si cela ne va pas déboucher sur une arnaque. Je fais un copié-collé pour Google traduction. En mauvais français je lis, historien amateur sur la 2ème guerre mondiale et en particulier sur les prisonniers et déportés en Tchécoslovaquie, signé Roman Janas. Je suis rassuré et abasourdi que mon site ait eu un lecteur si lointain en Tchéquie, mais pas dans n’importe quelle région, dans celle où mon père avait été prisonnier ! La région de Jésénk. Débute une série d’échanges.
Roman cherche des informations sur les prisonniers de guerre et est intéressé par les Français. Je lui donne l’autorisation d’utiliser mes données. Je lui fournis des informations sur la manière de trouver plus d’informations. En 2014, il me recontacte. Cette fois-ci il me fait part du projet de construction par une association et l’équivalent du Souvenir français, ici, d’un mémorial pour les prisonniers de guerre de différentes nationalités de la région de Jésénik. Il fait graver sur une plaque les noms de mon père et des autres français captifs. Je suis même invité pour l’inauguration, mais je ne peux pas m’y rendre. J’ai des nouvelles de la cérémonie d’ouverture. Je reçois un reportage télévisé qui s’ouvre avec la photo de mon père en grand. On ne peut pas s’empêcher d’avoir le regard embué. Je me dis, les PG qui n’ont rien retiré de leur captivité après la guerre, si ce n’est que de cotiser à une association, cet hommage est une sorte de petite revanche. Papa, tu trouves la gloire posthume, loin de France. On le sait le vieil adage, nul n’est prophète en son pays, s’adapte bien à cette histoire.
Roman Janas a créé un petit musée dont il est fier. Il a été inauguré en présence du corps diplomatique russe et d’autres républiques, en présence de la petite-fille du maréchal Koniev, commandant en chef des troupes de libération de la zone.
Pour l’instant je n’ai pas eu de nouvelles de sa part, je n’en ai pas donné non plus, mais sait-on jamais. A l’automne 2017, il m’avait contacté pour effectuer des recherches sur un militaire français qui, à la veille de la guerre, avait eu une liaison avec une jeune Slovaque, venue travailler en France. Après la guerre il n’a pas repris la liaison, mais a laissé à la jeune femme, une fille. C’est la petite-fille qui cherchait à en savoir plus. L’indice pour enquêter, il n’y a pas d’autre mot, une photo de l’homme en militaire, sur laquelle on distingue, au collet de sa veste, le numéro de son unité. Comment je me suis piqué au jeu et j’ai fait, est toute une histoire. Je l’ai retrouvé, j’ai eu connaissance de ses deux mariages et j’ai retrouvé sa sépulture. N’étant pas un professionnel de la recherche de personnes, je ne sais si la femme de Slovaquie a des frères et sœurs en France. Si c’était le cas, je pense qu’elle n’a pas de preuves tangibles pour le prouver, de nombreux documents ont été perdus ou ont disparu. Elle m’a écrit pour me remercier d’avoir effectué ces recherches, au printemps 2018.
A la recherche de descendants de PG
Je n’ai jamais eu de contact avec des personnes qui auraient reconnu un des leurs sur les photos du site, comme vous pourrez le lire par ailleurs.
Mon père disait qu’il avait été tout le temps sous les ordres du lieutenant Garaix, depuis la fin de l’année 1939, jusqu’en juin 1940. En 2017, je fouille sur un site de généalogie à la recherche du patronyme Garaix. Un page s’ouvre, une photo d’officier apparaît, Jean Max Garaix, mort le 16 juin 1940 à Saint-Sauveur, Eure et Loir. Ce ne peut être que cet homme. Vite au bas de la page, qui a rédigé cette page, Christian Garaix, son fils. J’en reste là, dans l’immédiat.
Que fais-je ? Est-ce que je prends contact ? J’hésite. Remuer le passé morbide, que pensera cet homme pour une affaire vieille de 77 ans ? Mon père était soldat, lui officier, est-ce qu’il n’y aura pas une forme de désintérêt pour ma demande ? Je me décide enfin, mais pas si rapidement que cela, retenue, crainte, timidité. Et puis, je le fais. S’il n’y a pas de réponse, et bien cela signifiera quelque chose ou rien, tout cela est vieux, mais ce serait dommage. Mais j’avais un petit espoir, Christian Garaix n’a presque pas connu son père, étant né à la veille de la guerre. Le message est parti avec des précautions dans son vocabulaire. Quelques jours plus tard réponse, et je n’oublierai jamais cette phrase, Vous m'avez fait un plaisir immense avec votre message. Je suis euphorique. S’en suivent d’autres échanges par messagerie et téléphone. Je découvre son histoire, d’enfant pupille de la Nation, sa mère éplorée et pas bien traitée quand il lui a fallu récupérer la dépouille de son mari. Il a peu ou pas d’information sur la circonstance de la mort de son père. Je lui fournis le rapport militaire, trouvé dans les archives du Service historique de la Défense, pour qu’il comprenne bien. Nous nous rencontrons à Paris en 2018. Son épouse, coïncidence est d’origine tchèque et connaît bien la région de Jésénik. Le monde est parfois petit. Nous parlons, nous parlons … nous repassons en revue nos informations durant toute un après-midi. L’apothéose de cette rencontre, est l’envoi par Christian Garaix, du carnet d’officier de son père. Il est percé par l’éclat d’obus qui l’a tué. Ecrit au crayon de papier, certainement avant que mon père ne soit sous son commandement, je lis les noms de ses hommes dont ceux des Antillais, que mon père évoquait toujours. J’y trouve l’organisation de la section. Un apport inestimable. Nous sommes devenus amis.
Emile Pagliantini, Calot rouge
Dans la région de Berchtesgaden en 1945
J’ai connu mon oncle Emile, décédé trop jeune en 1978. J’étais adolescent. Son épouse était la sœur de ma mère. Ma famille était très proche d’eux. Ce serait toute une histoire que d’évoquer ce lien. Je savais que mon oncle avait fait la guerre, selon l’expression. Il avait fait partie de la prestigieuse 2ème DB de Leclerc. Il n’en parlait jamais. Je sais qu’il en avait dit plus à mes parents et à mon père, lui aussi ancien combattant. La seule fois où il a parlé de la guerre devant moi, j’avais 14 ans. Il a évoqué un combat dans la marche en avant de la 2ème DB en Allemagne. Ses paroles sont gravées dans ma mémoire. J’entends encore la modulation de sa voix lors de ce cours instant.
Ma tante a vécu jusqu’en 2020. J’étais en plein dans des recherches sur le parcours militaire de mon père durant la même période et celui de mes oncles. Je me doutais que celui d’Emile serait un gros morceau qu’il me fallait décortiquer spécialement. Comme souvent, lorsqu’on évoque ces sujets avec les membres de sa famille, on n’ose pas toujours questionner. On se retient par pudeur, timidité, peur de la réaction de l’autre. On a du mal à entrer dans cette intimité, et si on réveillait des mauvais souvenirs. La relation avec ma tante était libre et franche. Je me suis lancé, un jour de visite chez elle. J’enveloppe un peu mon approche et lui demande si elle avait conservé les documents militaires d’Emile et si je pouvais les voir. Je peux même te les donner me répondit-elle, je vais les chercher. Me voici donc avec un petit trésor entre les mains. Comme elle n’était pas trop branchée sur le passé, elle me dit, en me les remettant, qu’elle était contente et soulagée, car elle ne savait pas quoi en faire et ce qu’ils deviendraient lorsqu’elle disparaitrait à son tour. Je lui ai promis de les conserver avec soin et de manière presque religieuse, tant à mes yeux ils représentent beaucoup (émotion et joie intérieure intense). Je vais les étudier et chercher à savoir plus, lui ai-je dit, presque un serment. C’est l’objet du site que j’ai réalisé.
J’ai découvert le parcours assez inouï d’un jeune durant la seconde guerre mondiale. Agé de 16 ans, il part de Brest le 16 juin 1940, pour l’Angleterre. Il se vieillit de deux ans et s’engage dans les futures Forces françaises libres. Il fait partie des premiers engagés. J’ai consulté son dossier au Service historique de la Défense. Je me suis plongé dans une partie des archives des FFL et de la 2ème DB pour en apprendre plus. J’ai caviardé le journal de marche et des opérations du Régiment de marche des Spahis marocains, auquel il appartenait, depuis sa création embryonnaire à Damas en Syrie, jusqu’à ce qu’il devienne le régiment de reconnaissance de la 2ème DB. Les premières pages de ce document commençant en 1940, sont écrites à la main avec une encre violette. Qui est l’inconnu qui a tenu ce registre ? Est-ce Le capitaine Jourdier, héros méconnu, comme on dit aujourd’hui ? Capitaine de Spahis, n’acceptant pas l’armistice, il passe du Liban en Palestine anglaise, avec une partie de ses hommes, pour poursuivre le combat.
Sur le site on peut consulter des informations sur le rapatriement des troupes franco-britanniques de l’expédition de Narvik. Les unités françaises débarquées à Brest ont été réembarquées pour l’Angleterre. Une minorité d’entre elles formera l’embryon des futures forces françaises libres. On peut lire l’organisation des FFL et du RMSM en Syrie, Egypte et Libye jusqu’à leur fusion dans la nouvelle armée française créée en Afrique du Nord.
J’ai mis en ligne des photos d’autres hommes des FFL ainsi que celle inédite du train spécial de Goering à Berchtesgaden lors de la débâcle allemande en 1945.
A la recherche des noms des hommes en photo
Tous les hommes ne sont pas identifiés, et pourtant il y a pas mal de noms. J’ai donc souvent mis des légendes pour que l’on me contacte si des proches les avaient identifiés.
Cela s’est produit deux fois et rentre dans ce que j’appelle les belles histoires.
Un jour, j’ai oublié l’année, un commentaire « Oui, Oui, c’est bien …, c’est mon père ». Il s’en suivit quelques longs échanges téléphoniques, mais sans en apprendre plus sur mon oncle, mais plutôt l’état d’esprit des officiers des FFL. Un peu grands seigneurs conduisant une bande d’hommes de manière chevaleresque.
En 2018, Léo en classe de 1ère SC du lycée Aimé Césaire de Clisson, me contacte pour le concours national de la Résistance. Il a consulté le site et souhaite des informations et avoir l’autorisation de l’utiliser. Tout content, j’accepte. Sa classe n’a pas été primée mais a produit une superbe plaquette dans laquelle figure le tonton. L’enseignante qui a intéressé la classe et a conseillé les élèves est Céline Bérardo. Je reçois une sympathique carte de remerciements.
La même année, une personne de la Fondation de la France libre, me contacte, intéressée par l’histoire de mon oncle et l’historique du Régiment de marche des spahis marocains dans la France libre. Pareil je donne mon accord pour la reprise d’informations. L’oncle Emile à nouveau cité dans un site consacrée à la 1ère DFL. Quel succès posthume, toi, le jeunot, un peu insoumis.
Je désespérais de mettre d’autres noms à la place des points d’interrogation des légendes. L’an dernier, Frank Salaun, petit-fils d’un FFL me contacte. Il dispose de tous les noms d’un groupe d’hommes posant devant une automitrailleuse, en Libye, contre Rommel. Un pas de géant est fait. Mais il en manque encore. Je ne désespère pas.
Le monument aux morts de Bourbon-Lancy
Un ami a identifié les 206 morts de la première guerre mondiale. Ceux de la seconde guerre sont souvent délaissés hormis les résistants et les déportés. Pourtant des militaires sont morts en 1939 et 1940 puis en 1944 et 1945. Les premiers sont ceux de la défaite, une fois de plus, les seconds sont les libérateurs. Les uns comme les autres ont affronté l’ennemi. Influencé par mon histoire familiale, j’ai voulu que ces hommes ne soient pas oubliés. En proposant à la maire de Bourbon-Lancy d’entreprendre ce travail, j’ai obtenu immédiatement son approbation.
J’ai fait venir les copies des dossiers des victimes du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains du Service historique de la Défense. J’ai consulté les archives conservées à la mairie de Bourbon-Lancy. En croisant les deux sources d’information ainsi que des registres matricules, j’ai sorti de l’oubli ces hommes. J’ai pu lire dans ces dossiers quelques détails dramatiques relevant des crimes de guerre, déjà en 1940, sur notre sol. Le pire est le sort d’un homme qui était mobilisé en Indochine et qui a péri de manière atroce.